

Macron, Merz et Tusk en Moldavie pour afficher leur soutien face à Moscou
Un déplacement à trois pour une démonstration de force symbolique: Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Donald Tusk se rendent mercredi à Chisinau pour afficher leur soutien à la Moldavie et à sa présidente pro-européenne face aux "menaces" et aux "ingérences" de la Russie.
La date n'a pas été choisie au hasard : le président français, le chancelier allemand et le Premier ministre polonais, des dirigeants de pays que les diplomates surnomment le "Triangle de Weimar", participeront au 34e anniversaire de l'indépendance moldave.
Et ce à la veille du début de la campagne officielle pour les élections législatives de fin septembre troublées, selon la Moldavie et ses alliés européens, par des ingérences de Moscou pour faire basculer dans son camp cet Etat candidat à l'entrée dans l'Union européenne, frontalier et solidaire de l'Ukraine en guerre.
"C'est une démonstration de soutien à la Moldavie de la part des dirigeants européens au moment où la Russie accroît ses ingérences avant des élections cruciales", a déclaré à l'AFP la présidence moldave.
Attendu dans l'après-midi, le trio s'adressera à la presse en compagnie de la cheffe de l'Etat moldave Maia Sandu, avant un dîner puis des discours pendant les célébrations officielles sur la place de l'Indépendance, ponctuées d'un concert.
MM. Macron, Merz et Tusk entendent réaffirmer leur "soutien à l'indépendance, à la souveraineté, à l'intégrité territoriale de la Moldavie", a expliqué à des journalistes un conseiller du président français. Soutien aussi à sa "trajectoire européenne" dans le cadre des négociations d'adhésion à l'UE ouvertes en juin 2024.
"On ne peut pas faire abstraction" des "conséquences de la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine, qui touche au premier chef la Moldavie", a-t-il ajouté.
- "Intimidation" -
"La Moldavie, elle, est menacée par la Russie", a encore affirmé l'Elysée, évoquant les "ingérences" et les "interférences" de Moscou, dont le "logiciel" à l'égard des ex-républiques soviétiques comme la Moldavie est, selon Paris, "celui de l'intimidation et aussi des entraves à la souveraineté, de l'exploitation des séparatismes".
Une allusion notamment à la Transnistrie, un territoire séparatiste russophone situé dans l'est de ce pays, où sont basées des forces russes.
"Cette visite est vraiment une signal fort du soutien à la Moldavie et elle adresse un message symbolique à la Russie selon lequel les principaux pays européens se préoccupent de ce qui se passe ici", estime l'analyste politique Valeriu Pasha, du cercle de réflexion Watchdog, à Chisinau.
Pour lui, le parti Action et solidarité (PAS) de la présidente Sandu devrait arriver en tête des législatives mais le résultat est difficile à prédire en raison de "l'énorme ingérence russe", alimentée par "des sommes folles d'argent", sur fond de crise économique et d'inflation élevée.
La cheffe de l'Etat pro-européenne, réélue en novembre 2024, a accusé fin juillet la Russie de mener une opération complexe et coordonnée d'ingérence "sans précédent" pour "contrôler" son pays, frontalier de l'UE, "dès l'automne". Tout cela en recourant à des mécanismes d'achat de votes et de financements avec des "cryptomonnaies", "100 millions d'euros" étant prévus à cet effet, a-t-elle alors dénoncé, pointant également du doigt la responsabilité de la plateforme Telegram.
La France met en avant sa coopération, renforcée en mars à l'occasion de la dernière visite qu'y a effectuée Maia Sandu, pour lutter contre les ingérences numériques, via l'agence française Viginium.
Si le trio européen assure vouloir se concentrer sur le soutien à la Moldavie, le déplacement ensemble de ces dirigeants se déroule à un moment où la diplomatie tâtonne sur le dossier ukrainien.
Deux semaines après le sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine, l'accélération subite vers de possibles négociations de paix semble déjà marquer le pas et sujet sera forcément évoqué en marge des séquences officielles à Chisinau.
N.Reyes--BT